– Son registre : intérêt de ce registre pour l’histoire de la troupe. Mais il n’admet pas que la troupe du Marais ait alors quitté Paris. Pas plus d’Armande Béjart que de Madeleine, il ne nous reste de portrait peint ou gravé d’une authenticité certaine[64]. – En commentant, dans le Figaro du 1er septembre 1886, sous le titre de l’Hôtel de Molière à la rue Saint-Thomas-du-Louvre, le bail du 15 octobre 1665, M. A. Vitu exprime l’avis que, par les diverses désignations du domicile de Molière et des Béjart, il ne faut pas entendre « une demeure unique et permanente », mais « peut-être une demi-douzaine d’habitations, à coup sûr quatre habitations distinctes, comprises dans un périmètre très restreint » ; et il annonce pour plus tard une étude développée sur cette question. Ces premières épreuves n’ont pas découragé les sociétaires de l’Illustre Théâtre ; la passion qui les anime est des plus tenaces qu’il y ait. C’était, au contraire, un fabricant d’ameublements de luxe, et, parmi les clients de la maison, il en était de fort notables, comme M. de La Suze, le baron d’Estissac, le marquis de Fourille, le duc de La Rochefoucauld, père de l’auteur des Maximes. Boudet était un brave homme, ai-je dit, et toutes ses relations avec la famille où il était entré le laissent voir affectueux et serviable. Molière ne pouvait prévoir à ce moment que la protection royale lui donnerait, aussitôt arrivé, la salle du Petit-Bourbon ; aussi négociait-il la location d’un théâtre. Les hardiesses de plusieurs scènes, celle du pauvre en particulier, effrayèrent la censure, qui exigea des suppressions, et, comme le tirage était déjà fait, on cartonna les exemplaires. Nous entendons dans la bouche de Molière les plaintes de Cléante : « Peut-on rien voir de plus cruel que cette rigoureuse épargne qu’on exerce sur nous, que cette sécheresse étrange où l’on nous fait languir ? Mazarin, mourant, désire voir les Précieuses ridicules, alors dans leur nouveauté. De concert avec son beau-frère Boudet, curateur de la fortune de Molière et tuteur de sa fille mineure, Armande exige de Lulli le remboursement des 11 000 livres qu’il doit à la succession de son mari, et, le 23 mai 1673, c’est-à-dire le lendemain du jour où elle a fait acquitter sa créance, devançant les comédiens du Marais, qui avaient, eux aussi, des vues sur la salle Guénégaud, elle achète à Sourdéac et à Champeron la rétrocession de leur bail et tout leur matériel, moyennant la somme de 30 000 livres, dont 14 000 payées comptant, et le reste transformé en une participation de Sourdéac et de Champeron aux bénéfices de l’entreprise nouvelle. Décidément, Molière était devenu pour nous ce que Shakespeare est pour les Anglais, Gœthe pour les Allemands, Dante pour les Italiens, Cervantes pour les Espagnols, l’objet d’un culte national et un perpétuel sujet d’études ; et de même qu’il y a, au delà des Alpes et de la Manche, des littératures dantesque et shakespearienne, nous avions une littérature moliéresque. La Grange fait un « marquis ridicule » ; Molière en profite pour dessiner plaisamment le personnage. Mêmes sentiments pour Racine, qui entrait encore plus avant dans la familiarité royale, avait un appartement à Versailles, était de tous les Marlys, et, durant une maladie du roi, couchait dans sa chambre et lui lisait Plutarque. Courier que « la moindre femmelette de ce temps-là vaut mieux pour le langage que les Jean-Jacques et les Diderot ». ni plus mal à propos. – Non, mais elle est aisée et bien prise. Géronte repoussait Léandre : « Monsieur, lui dit-il dès qu’il le sait riche, votre vertu m’est tout à fait considérable, et je vous donne ma fille avec la plus grande joie du monde. Assurément, l’argument a sa valeur, mais il n’est pas exempt de danger. D’abord, on travaillait chez Molière comme on ne travaille plus dans aucun théâtre. » Les ennemis de Molière n’en reviennent pas d’étonnement, mais ils ne perdent pas courage. La gloire qu’il voyait prochaine, le génie dont il avait conscience, ne sauraient-ils compenser, pour un jeune cœur facile à l’enthousiasme, ce que l’âge lui avait enlevé ? L’injure qui est faite à Dieu rejaillit sur la face des rois, qui sont ses lieutenants et ses images ; et le trône des rois n’est affermi que par celui de Dieu. À ce milieu il emprunta les personnages et le cadre, les idées et les sentiments de beaucoup de ses pièces. » Un tel arrêt, tombant d’une telle plume, devait être, semble-t-il, une condamnation à mort. Et d’abord, Molière était-il grand ou petit, gras ou maigre, brun ou blond, beau ou laid ? Voilà Molière aux griffes des créanciers. Le danger dénoncé par Molière ne lui semblait pas compenser les inconvénients qu’il y avait à le proclamer si haut. Pour ne pas le gâter en le réduisant, il suffira de dire que tout chez les deux époux dénote l’ordre et le soin, par suite l’aisance et le bien-être, et aussi le goût des belles choses faites pour plaire et durer. Armande y fait Lucinde, petit rôle d’ingénue sans grande importance, car le personnage n’ouvre pas la bouche durant la plus grande partie de la pièce ; il n’y a guère pour elle que des jeux de scène et une situation très plaisante vers la fin, lorsque la fausse muette s’épanche tout à coup en un bavardage torrentiel. Il est certain que Houdon, avec sa conscience habituelle, a eu devant les yeux deux au moins des portraits que je viens de signaler ou les gravures qui en avaient été faites ; mais il s’est servi avec une liberté créatrice des éléments qu’ils lui fournissaient. Vers cette époque, en effet, commençait pour le fils Poquelin, avec les enfants de l’huissier Béjart, férus comme lui de la passion du théâtre, une liaison que la mort seule devait dénouer. Je borne là l’ambition de mes souhaits ; et je crois qu’en quelque façon ce n’est pas être inutile à la France que de contribuer en quelque chose au divertissement de son roi. Le chœur, le prologue, quelque personnage secondaire étaient jadis les interprètes de leur philosophie ; les comiques modernes ont les raisonneurs, dont tous ont usé, quelques-uns abusé. [66] Voyez encore ci-après, chapitre VI, 2. It was founded in 1680 through the union of two troupes, including that of the playwright, who had died eight years previously. [5] Auguste Vitu, la Maison mortuaire de Molière, 1883.